Le rêve fétichiste

Le rêve fétichiste

ClaireJeudi 3 avril 2003, 8 heures 30

  • Ecoutez, mademoiselle LANTIER, j’attends vos analyses. En attendant, je vous prescris une pommade qui devrait atténuer la sensation de malaise. Il s’agit probablement d’une banale allergie.
  • Je sais, docteur, mais c’est très gênant. Ce n’est pas vraiment la saison des chaussures ouvertes. Je passe partout pour une originale, termina Claire en souriant.
  • Cela aurait pu être pire ! Nous sommes au mois d’avril, et les beaux jours ne sont pas loin. Imaginez que cela vous soit arrivé en plein hiver ?
  • Bien sûr… C’est une façon de voir les choses

Le médecin se leva et se dirigea vers la porte. Visiblement, la visite était terminée. Il ouvrit la porte et tendis la main à Claire.

  • Allez, Mademoiselle LANTIER, ne vous inquiétez pas. Vous revenez me voir dès que vous avez les analyses !
  • Entendu ! Au revoir !

La porte se referma sur une Claire, à moitié rassurée. Le docteur avait quand même l’air assez perplexe. Elle regarda sa montre. Elle avait largement le temps de passer prendre rendez-vous au labo avant de prendre son boulot.

Le labo était en face du cabinet médical, juste la rue à traverser. Il lui semblait qu’elle faisait un peu tache, pieds nus dans ses sandales d’été ! Elle avait réussi à supporter de fines socquettes blanches pour se rendre jusqu’au cabinet médical, mais elle avait été obligée de les ôter dans la salle d’attente ou elle était seule, fort heureusement. Depuis quelques semaines, elle éprouvait des difficultés à supporter les chaussures fermées. Au début, elle n’y avait prêté une grande attention, puis, petit à petit, elle s’était trouvée dans l’impossibilité de mettre des chaussures fermées.

Là, elle avait commencé à sérieusement s’inquiéter ! Pendant les jours suivants, elle avait résolu le problème en mettant des chaussettes épaisses, mais hier, au boulot, en plein service, elle avait été contrainte de les enlever.

Elle avait eu beaucoup de mal à maîtriser la panique qui l’avait alors saisit et elle avait immédiatement pris un rendez-vous chez le médecin.

Elle se secoua et traversa la route. Le labo était désert, lui aussi. La laborantine de service se saisie de son ordonnance et l’examina quelques secondes avant de déclarer.

  • Il vous faut ça pour quand ?
  • Le plus rapidement possible, s’il vous plait.
  • Bien, le prélèvement de peau, on peut vous le faire immédiatement… Et la prise de sang… Vous avez mangé ce matin ?
  • Non, j’ai juste pris un café… Il y a deux heures, maintenant.
  • Alors, c’est parfait ! On va pouvoir tout faire en même temps. Asseyez-vous un moment, on va vous appeler.

Claire se dirigea vers les quelques chaises qui tenaient lieu de salle d’attente. Elle était à peine assise que la porte en face d’elle s’ouvrit. Une grande femme à l’allure revêche criant son nom dans la salle vide.

Elle ne ressortit que quelques minutes plus tard. La femme n’avait pas dit un seul mot. Elle s’était contentée d’indiquer un fauteuil, avait pratiqué la prise de sang, puis le prélèvement dans le silence le plus parfait.

Après un nouveau coup d’œil rapide sur sa montre, elle pressa le pas. Heureusement, le bar ou elle travaillait se trouvait à quelques centaines de mètres du labo. Le patron était déjà derrière le bas, son tablier bleu toujours aussi crasseux. Elle ôta sa veste et attacha son tablier blanc avant de rejoindre le patron.

  • Ben dit donc ! C’est déjà le printemps, dit-il en désignant ses pieds nus dans ses sandales.

Elle essaya de se défendre de façon naturelle.

  • C’est qu’il ne fait pas froid, ce matin…
  • Ho ! Ce que j’en dis ! Ce sera bien pour nous si tu découvres tes jambes aussi vite que tes pieds, ajouta-t-il avec un rire gras.

Claire n’appréciait pas vraiment ce genre de remarques. Elle avait déjà dû remettre ce gros porc à sa place plusieurs fois, quand ses mains devenaient un peu trop baladeuses. Heureusement que la plupart du temps, la patronne trônait au-dessus du tiroir-caisse. Sa présence tempérait singulièrement les ardeurs du patron.

VéroniqueVendredi 4 avril, 7 heures 30

Le squatte était encore endormi quand Véronique sortie dans l’aube naissante. Encore une longue journée en perspective. Au moins, maintenant, elle ne craignait plus rien de la police. En fait, avoir 18 ans ne lui amenait que cette sécurité. Elle était toujours obligée de mendier à l’entrée du métro Barbès pour subvenir aux besoins de la troupe. Elle s’était aperçu que les gens donnaient plus quand elle ne portait pas de chaussures et elle avait pris l’habitude de se rendre pieds nus sur son « lieu de travail ». Il faut également dire que Fred, le chef de leur petite troupe de squatters l’y avait fortement engagé.

Au début, ça lui coûtait vraiment… Elle avait peur du regard que les autres pouvaient porter sur elle… Puis l’habitude était venue. Depuis quelques jours, elle s’étonnait même de ressentir un certain plaisir à montrer ses pieds sales aux passants et à presque aimer rentrer le soir pieds nus au squatte. Elle ne prenait même plus la peine de se chausser le soir en rentrant dans le sordide entrepôt. Il y a quelques semaines encore, cela aurait été la première chose qu’elle aurait fait ! Là, elle ne se souvenait même plus de la dernière fois ou elle avait mis des chaussures… 15 jours ? Une semaine ?

La journée passa comme d’habitude. Elle s’amusait des regards des passants. La ménagère pressée qui marchait d’un pas rapide, en regardant le trottoir, sans lui accorder la moindre attention, le monsieur « bien comme il faut », feignant de regarder ailleurs et faisant un petit détour pour passer le plus loin possible d’elle, le monsieur distrait qui s’apercevait de sa présence à la dernière minute et qui regardait précipitamment sa montre en fronçant les sourcils. Elle regardait tous ces gens derrière l’écran de ses longs cheveux noirs, rabattus devant son visage encore enfantin.

De temps en temps, un regard s’attardait sur sa personne, le plus souvent un regard chargé de mépris ou de dégoût, moins souvent, de compassion ou de tendresse. Elle savait à l’avance qui allait laisser tomber une petite pièce dans l’assiette en carton posée presque à toucher ses pieds nus sales. Quelquefois la personne passait, faisant mine de pas la voir et s’arrêtait un peu plus loin pour la détailler à loisir, pensant qu’elle ne les remarquait pas ! là, la plupart du temps, c’était gagné ! Ils fouillaient dans leurs poches et revenaient poser une pièce dans l’assiette. Avec le temps, elle avait remarqué que beaucoup de ces indécis semblaient intéressés par ses pieds nus. Au début, elle pensa qu’elle se faisait des idées, mais « recette » de la journée confirmait le fait. Depuis qu’elle venait pieds nus, ses gains avaient augmenté notablement.

Sans vouloir vraiment l’admettre, elle aussi s’intéressait aux gens d’une façon différente depuis quelque temps. Elle surprenait de plus en plus souvent à détailler leurs pieds ou plutôt à imaginer la forme de leurs pieds, débarrassés des chaussures et des chaussettes. Ce constat commençait à l’intriguer un peu ! Cela faisait beaucoup de changement en peu de temps. D’abord ce plaisir nouveau qu’elle avait à monter ses pieds et à marcher pieds nus, puis cette façon curieuse de détailler les gens… Enfin ! ça lui passerait sans doute quand les chaussures d’été commenceraient à sortir, ce qui ne saurait tarder. Plus rien à imaginer quand les pieds seraient nus dans leurs sandales.

Le manège quotidien dura une bonne partie de la journée, mais à détailler les pieds des passants, elle ne vit pas le temps passer. Au moins, avec cette méthode, elle ne s’ennuyait plus. Dans l’après-midi, un jeune homme d’à peu près son âge lui laissa un billet de 10€, fait assez rare pour être signalé. Là encore, elle remercia ses pieds nus ! L’intérêt du jeune homme était si vif qu’il ne pouvait complètement dissimuler la bosse qui déformait son pantalon. Il n’avait pas jeté le billet, comme le font la plupart des gens, il l’avait posé dans l’assiette et sa main était passée à quelques millimètres de ses pieds nus, si près, qu’elle avait cru un instant qu’il allait les toucher ! C’était la première fois que l’intérêt pour ses pieds nus était si évident.

Peu de temps avant de regagner le squatte, elle laissait ses yeux accrocher les chaussures des badauds quand deux pieds nus se placèrent à quelques centimètres de l’assiette. Surprise, elle releva la tête. La fille était un peu plus vieille qu’elle, mais pas sûr… elle était chaussée de fines sandales qui ne cachait rien ou presque de ses pieds nus. La fille s’accroupit à côté d’elle pour ouvrir son sac et en sortir un billet qu’elle posa religieusement dans l’assiette. Au passage, son bras nu effleura ses orteils. Ce fut comme une décharge électrique et elle dut faire appel à toutes ses ressources pour ne pas sursauter. De son côté, la jeune fille dut avoir le même genre de réaction car elle écarta vivement le bras. Elle détourna le regard de l’assiette et fixa un moment les pieds nus de Véronique. Elle détourna les yeux comme à regret et planta son regard dans celui de Véronique. Elles se fixèrent un long moment. Pendant un instant, Véronique crut qu’elle allait parler, mais finalement, elle lui adressa un sourire mi-déçu, assez énigmatique, se releva et s’éloigna sans se retourner. Véronique garda les yeux sur les pieds presque nus de la jeune fille qui s’éloignait. A chaque pas, le pied décollait de la semelle et elle avait une magnifique vue sur la plante. Elle sentit la pointe de ses seins durcir sous le pull. Elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait, mais elle comprenait beaucoup mieux maintenant la réaction du jeune homme… Comment la chose était-elle possible, elle n’en avait aucune idée, mais c’était pourtant tout ce qu’il y a de plus réel. Pour s’en convaincre, elle passe une main hésitante sur son pull, à hauteur de la poitrine. La pointe de son sein était bien dure et d’une sensibilité extraordinaire. Elle aurait voulu pouvoir enlever son pull pour libérer sa poitrine… Le contact de la laine la gênait prodigieusement. Elle mit plusieurs minutes à se ressaisir. Elle décida de rentrer au squatte, un peu en avance. Tant pis si Fred n’était pas content.

Le squatte était désert quand elle y arriva, une dizaine de minutes plus tard. L’excitation était retombée, mais les questions étaient toujours bien présentes. Sa seule et unique paire de chaussures traînaient dans un coin et elle décida de les enfiler, un peu pour calmer l’effervescence de son imagination. Rien d’extraordinaire ne se passa. Bien sûr, elle se sentait bien mieux pieds nus, mais les chaussures étaient supportables. Elle commença à préparer le dîner de la troupe, essentiellement composé de nouilles dans un bouillon de claire ou surnageaient quelques morceaux de viande d’origine indéterminée. Ce n’est qu’une demi-heure après avoir mis ses chaussures qu’elles commencèrent à la faire souffrir… Quoi que souffrir soit peut-être un bien grand mot. Non, plutôt une forte gêne au niveau des pieds et une sourde angoisse qui lui enserrait la poitrine. Elle tenta de résister à l’envie de les retirer, en vain ! Elle ne respira de nouveau normalement que quand elle fut pieds nus au milieu de la salle. De grosses gouttes de sueur perlaient sur son front. Que lui arrivait-il ? Elle se précipita sur les tongs d’une des filles qui traînaient aux pieds d’une couche. Elle poussa un soupir de soulagement, elle pouvait les supporter ! Elle dut néanmoins déchanter assez rapidement. Quand elle se déplaçait dans la pièce, ça allait car la plante de ses pieds nus ne restait pas en contact très longtemps avec la semelle de plastique, mais dès qu’elle restait immobile, la gêne devenait très vite intolérable. Fataliste, elle abandonna le combat. Elle était très bien pieds nus, mais le fait de ne plus pouvoir mettre de chaussures la terrorisait. Ce n’était pas normal.

Elle décida d’examiner ses pieds en détail. Elle remplit d’eau froide un antique lavabo, leva une jambe et y déposa son pied nu. La crasse était incrustée dans la peau, mais en frottant, la peau reprenait une délicieuse couleur safran. Elle était étonnée de l’épaisseur de la peau, néanmoins, elle restait douce est souple. Elle examina ses pieds nus sous toutes les coutures ! Rien d’anormal, en apparence. En regardant ses pieds nus, assise sur le sol, à côté du lavabo, elle sentit la pointe de ses seins essayer de se frayer un chemin à travers les mailles du pull. Avant qu’elle ait eu le temps d’analyser le phénomène, elle entendit des bruits dans l’escalier… Elle se leva précipitamment et retourna à la cuisinière improvisée.

BastienVendredi 4 avril, 19 heures

Bastien était de plus en plus troublé. Jusqu’alors, son petit fantasme ne lui avait jamais posé de problème majeur. Bastien avait un faible particulier pour les pieds nus féminins. Ce n’était pas d’aujourd’hui ! Il cultivait soigneusement ce fantasme depuis des années, sans jamais oser passer à l’acte. Depuis quelques semaines, ce fantasme prenait des proportions inquiétantes et commençait même à lui faire peur !

Les pieds nus féminins occupaient son esprit toute la journée, l’empêchant de se concentrer sur toute autre chose. Il avait de plus en plus de mal à se contrôler. Cette après midi, il avait même failli se jeter sur les pieds d’une fille qui faisait la manche dans le métro ! Ça avait été moins une ! Il était si excité que son sexe lui faisait mal. Quand il avait posé le billet dans l’assiette en carton de la fille, il avait cru qu’il allait se mettre à jouir sur place ! En y réfléchissant, ça serait arrivé s’il avait touché les pieds de la fille, il en était presque certain. L’excitation avait mis plus de 10 minutes avant de retomber. Pour l’instant, il était rare de voir des pieds nus dans la rue, mais dans quelques semaines, il y en aurait à tous les coins de rue ! Comment ferait-il pour se contrôler ?

Mais il y avait une chose qui l’alarmait encore plus ! Jusqu’à ces derniers temps, seuls les pieds nus de femmes l’intéressaient, mais il ne lui serait pas venu à l’idée de songer à s’occuper de ses propres pieds nus ! Il avait pourtant failli y poser les lèvres pas plus tard que ce matin, en sortant de la douche ! Il avait maintenant presque peur d’enlever ses chaussures et ce n’était sûrement pas l’envie qui lui manquait. Ses chaussures de sport le gênaient affreusement. Ce matin, il avait du se résoudre à les enfiler pieds nus, sa peau refusant obstinément le tissu des chaussettes. Après ce qui venait de lui arriver en sortant de la douche, il n’avait pas accordé vraiment d’importance à cet incident pourtant singulier.

Il allait devoir les enlever et il avait peur que les mêmes effets le reprennent. Son attitude était d’ailleurs très ambiguë… Il en avait, en fait, très envie, mais ça l’effrayait en même temps. Qu’il ressente une vive excitation à la vue des pieds nus d’une jeune fille, c’était plutôt normal pour un fétichiste, mais se mettre à bander à en avoir presque mal à la vue de ses propres pieds nus faisait quand même un drôle d’effet ! Il n’allait quand même pas se coucher avec ses « Nike » !

Il fit sauter la première avec le bout de la seconde, puis s’aida d’une main pour ôter la seconde. Il déploya des immenses efforts pour penser à autre chose et pour ne pas regarder ses pieds. Il se dirigea vers le petit coin cuisine de son studio. Il fouilla dans le frigo et sortit un restant de Pizza qu’il mit au micro-onde. Il ouvrit ensuite un placard et se saisit d’une assiette qu’il posa sur la table. Il se retournait vers le tiroir quand il eut soudain une conscience aiguë de ses pieds nus sur le sol. Quelques secondes plus tard, il sentit son sexe gonflé dans son pantalon, tandis qu’une chaleur étrange inondait son bas ventre. Il tenta de continuer de mettre la table, comme si de rien n’était, mais dès qu’il fit un mouvement, une flèche de plaisir lui traversa le ventre. Il devait absolument se débarrasser de son pantalon trop serré. Il s’assit sur le sol en tirant désespérément sur son pantalon. Il se retrouva nu des pieds à la ceinture sur le parquet de la cuisine. Ses mains se posèrent malgré lui sur ses pieds nus et il commença à les caresser. Immédiatement, ses seins se mirent à le brûler et il arracha son tee-shirt, plus qu’il ne l’enleva. Sa poitrine était encore plus sensible que ce matin, l’envie de lécher ses pieds nus, encore plus violente. Inexorablement, son visage se rapprochait de ses pieds, son sexe semblait animé d’une vie propre. Il craqua d’un seul coup et enfouit son visage dans le creux de la cambrure de ses pieds nus. Il poussa un soupir de plaisir. Sa main droite se saisit de son sexe et l’enserra avec violence, tandis que sa main gauche courrait sur la pointe de ses seins. L’orgasme fut violent et d’une puissance jusqu’alors inconnue. Son sperme arrosa ses pieds nus et son visage en longs jets. Il resta un moment sans bouger et se releva, les jambes tremblantes et resta un moment, les bras ballants, complètement abasourdi. Mais que lui arrivait-il ? Et il n’avait pas rêvé ! Les trace de sperme sur ses pieds le prouvaient ! Il ne chercha même pas à se rhabiller et alla s’asseoir dans la pièce principale, à même le plancher. Il était probablement en train de devenir fou, c’était la seule explication possible ! Pourtant… Pourtant, n’était-ce pas tout ce qu’il n’avait jamais rêvé ? Il ne se doutait pas que ce seraient ses propres pieds nus qui le conduirait à ce plaisir. Ce n’est pas vraiment le faire qui lui faisait peur, mais d’être obligé de le faire… Que se passerait-il si l’envie le prenait un jour en pleine rue ? N’était-ce pas ce qui avait failli se produire cette après-midi à la station de métro avec la fille et ses pieds nus sales ? Ce serait-il vraiment jeté sur les pieds nus de la fille s’il n’avait pas préféré la fuite ? Il préférait ne pas y penser ! Obligé de se déshabiller en pleine rue, devant des dizaines de personnes… C’était la camisole de force à tous les coups !

Il se secoua. Inutile de s’apitoyer sur son sort, ça ne changerait rien ! Il se releva, regarda la cuisine… Il n’avait plus faim. S’allonger un moment sur son lit lui remettrait sûrement les idées en place. Il se laissa tomber pesamment sur le bord du lit… Pour se relever immédiatement, comme si les draps l’avaient mordu. Qu’est-ce que c’était encore que ça ? Il refit un timide essai, avec une main. Toucher le drap lui donnait des frissons de dégoût et il dut le lâcher. C’était encore bien pire s’il y posait le pied ! Inutile dans ce cas, d’essayer de remettre son pantalon ou quoi que ce soit d’autre ! Il se mit à tourner en rond dans la minuscule pièce, échafaudant les pires hypothèses. De temps en temps, il passait une main sur le drap pour se convaincre qu’il ne dormait pas. Il fallut presque 20 minutes pour que cette nudité incroyable disparaisse entièrement. Il s’habilla promptement, en riant. C’était fini !

Il adorait, en temps ordinaires, être nu… Mais il y a un pas, que dis-je, un abîme entre aimer être nu et être obligé de l’être ! Comment être certain que ce qui venait de lui arriver ne serait pas définitif la prochaine fois ? Le plaisir qu’il avait pris avec ses pieds nus était le plus fort qu’il n’avait jamais connu, mais si le prix à payer était cette nudité… le mieux, pour l’instant était de ne plus se déshabiller et de garder ses chaussures. Le contact de sa peau avec les chaussures était très désagréable, pas autant qu’avec le drap tout à l’heure, mais on ne pouvait plus parler de confort… Il s’allongea sur le lit, bien décidé à ne plus laisser de prise à la folie que venait de l’emporter. Comment ferait-il ? Ça, il n’en avait aucune idée !

OrélieLundi 7 avril 2003, 8 heures

Pour la centième fois Orélie inspecta l’intérieur de ses chaussettes… Rien, absolument rien ! Ça commençait à l’agacer sérieusement. Si ça continuait, elle serait en retard au boulot ! Elle essaya encore une fois et dut retirer la chaussette au bout de quelques secondes. C’était la quatrième paire qu’elle essayait ! N’ayant plus de chaussettes propres dans le tiroir de la commode, elle fouilla dans le linge pour retrouver la paire de chaussettes qu’elle avait la veille. Peut-être que c’était la nouvelle lessive qu’elle avait achetée !

Le résultat fut identique ! Impossible de supporter ces foutues chaussettes ! Ça laissait même des rougeurs sur sa peau, sur le dessus du pied. Tant pis ! Elle ne mettrait pas de chaussettes. Le problème, c’est qu’elle avait horreur d’être pieds nus dans ses chaussures. Enfin, il ne faisait pas froid, et avec le pantalon qui était un peu trop long, ça ne se remarquerait pas trop ! Il faudrait qu’elle tire au clair cette histoire de lessive ! Elle effila donc ses chaussures et dut s’aider d’un doigt pour que le pied entre correctement. Avec les chaussettes, ça glissait tout seul ! Elle éclata d’un rire nerveux ! Le contact de son doigt sur le talon de son pied lui avait été agréable… Décidément, ce n’était pas son jour !

Avec tout ça, elle allait être à la bourre ! Inutile d’attendre le bus, elle y serait aussi vite à pied… Et pour une raison qu’elle n’expliquait pas, elle avait envie de marcher ! Finalement, c’était très agréable d’être pieds nus dans ses chaussures ! Elle sentait la peau de ses plantes glisser contre le cuir… Une sensation nouvelle et très troublante. Elle n’avait pourtant pas inventé le fait qu’elle se sente mal à l’aise pieds nus dans ses chaussures ! Jusqu’à aujourd’hui…

Le patron n’était pas encore arrivé, un coup de chance… Mais tout ne pouvait pas aller mal ce matin ! Il dicta plusieurs lettres, rapidement, sans s’occuper de savoir si elle suivait toujours… Comme d’habitude, quoi ! Heureusement qu’elle se débrouillait bien en sténo ! Ce n’était pas obligatoire au programme, mais elle ne regrettait pas d’avoir été assidu dans cette matière. Il lui annonça ensuite qu’il serait absent pour le reste de la journée, ce qui pour elle équivalait presque à une journée de congés.

Elle commença à taper le courrier en pensant à autre chose. Ses doigts courraient sur le clavier et elle regardait l’écran, de temps en temps, mais son esprit était ailleurs. Elle se demandait si elle allait manger au self ou si elle achetait un sandwich au supermarché en faisant quelques courses. Tout à ses rêveries, elle n’eut même pas conscience de sortir ses pieds de ses chaussures. Quand elle s’en aperçut, elle haussa les épaules. Après tout, elle était toute seule, personne ne lui ferait de réflexion ! Elle continua son travail sans plus s’inquiéter. Arrivée à la dernière lettre, environ 1 heure plus tard, elle eut besoin de l’adresse d’un fournisseur. Elle se leva machinalement pour aller fouiller dans le classeur, à l’autre bout de la pièce. Elle ne s’aperçut qu’elle était pieds nus que quand elle referma le tiroir du casier.

  • Merde ! J’ai sûrement besoin de vacances, moi !

Elle regagna sa chaise en priant le ciel que personne n’entre dans le bureau à ce moment là. Elle se pencha pour récupérer ses chaussures. Depuis combien de temps était-elle pieds nus ? Mais quelle ne s’en aperçoivent pas pour quitter sa place dépassait l’entendement. Elle, si frileuse d’habitude, marchait sur le carrelage glacé sans même s’en rendre compte ! Et sans avoir le plus petit frisson ! Il y avait vraiment quelque chose qui ne collait pas ce matin !

  • On se calme et on fait le tour de la situation.

Que se passait-il avec ses pieds ? elle commençait à penser sérieusement que la lessive n’avait absolument rien à voir avec ses difficultés à mettre des chaussettes… Ses pieds les refusaient, tout simplement. Par quel mystère ? Ça, c’était autre chose ! Enfin quoi ? Jusqu’à ce matin, elle n’aimait pas marcher pieds nus, elle n’aimait même pas être pieds nus dans ses chaussures ! A la plage, elle n’enlevait ses chaussures que pour aller dans l’eau et elle les remettait immédiatement après pour marcher dans le sable. En fait, et elle s’en apercevait seulement maintenant, elle n’aimait pas montrer ses pieds ! Elle les trouvait trop longs, trop fins, trop étroits, trop ou pas assez plein de choses ! (Ils auraient pourtant fait les délices de la plupart des fétichistes !). Quand elle mettait des chaussures d’été, celles-ci ne laissaient apparaître que le talon, jamais les orteils, et la plupart du temps, elle mettait des collants !

Et maintenant, où en était-elle ? Elle ne pouvait plus mettre de chaussettes, elle appréciait d’être pieds nus dans ses chaussures et pour couronner le tout, elle se baladait pieds nus sur son lieu de travail ! Et… Et, mais ça, elle ne voulait pas encore l’admettre, elle ne trouvait plus ses pieds si moches que ça…

L’heure du déjeuné se passa sans fait notable. Finalement, elle grignota une salade à la cafétéria du grand magasin. A cette occasion, elle fit une constatation troublante. Pour un début avril, le nombre de gens en chaussures d’été était inhabituel. La serveuse qui avait amené sa salade était pieds nus dans ses sabots. Elle remarqua d’ailleurs la forme parfaite du talon et de la cheville… Depuis quand appréciait-elle la vue des pieds nus des filles ? En faisant ses courses, elle croisa même des filles en tongs ! Une des caissières était pieds nus derrière sa caisse, ses chaussures posées sous sa chaise ! Sans qu’il paraisse moins alarmant, son cas ne semblait pas être unique…

De retour au bureau, elle expédia les affaires courantes, machinalement, sans entrain particulier. Elle en profita pour faire quelques expériences. Elle retira sciemment ses chaussures et elle dut admettre qu’elle se sentait beaucoup mieux, moins anxieuse, moins angoissée. Elle resta donc pieds nus tout l’après midi en se rendant compte qu’elle y prenait un plaisir certain. Elle ne les remit que pour rentrer chez elle. Malgré les sacs du supermarché, elle tint à faire la route à pied. La première chose qu’elle fit en arrivant, fut d’ôter ses chaussures. Il se passa une chose qu’elle n’avait pas prévu, mais qui après réflexion, était dans la logique se ce qui se passait depuis ce matin. Elle dut retirer tous les tapis qui traînaient dans l’appartement, la plante de ses pieds ne supportait plus leur contact. Elle demanda comment elle ferait pour se coucher ce soir… Son copain allait rentrer et elle ne savait pas trop comment il allait prendre la chose.

Olivier rentra vers 18 heures, comme d’habitude. Il l’embrassa fougueusement sur les lèvres pendant presque une minute avant de s’apercevoir qu’elle était pieds nus dans la cuisine. C’était, de sa part, suffisamment surprenant pour qu’il le remarque immédiatement.

  • Tu sors de la douche ?
  • Non, pourquoi ?
  • C’est rare de te voir pieds nus ailleurs que dans la salle de bain ! Et au lit, bien sûr !
  • Non, tu n’aimes pas ?
  • Si ! Au contraire ! Mais ce n’est pas habituel, c’est tout !
  • C’est que… je ne sais pas comment dire ça… ça paraît complètement idiot, mais je me sens mieux, pieds nus… et de toute façon, je ne supporte plus de mettre de chaussettes !
  • Toi aussi !
  • Comment ça, moi aussi ?
  • Au boulot, il y a plusieurs filles qui ont ce genre de problèmes. C’était le principal sujet de conversation aujourd’hui à la pause. Je n’ai jamais vu autant de chaussures d’été un début avril que cette année !
  • J’avais remarqué ça au supermarché à midi. Tu crois que je devrais prendre un rendez-vous chez le médecin ?
  • Ne t’affole pas ! Si ça continue, oui, peut-être, mais ça va sans doute passer tout seul !
  • Si j’étais la seule, sûrement, mais comme ça touche pas mal de gens… je trouve que c’est curieux, non ?
  • Ici, ce n’est pas bien gênant que tu sois pieds nus !
  • Tu es sur que ça ne te dérange pas ?
  • Bien sûr que non ! Je te trouve encore plus désirable comme ça !
  • Olivier… Comment trouves-tu mes pieds ?
  • Très beaux ! Comme tout le reste ! Pourquoi cette question ?
  • Ben… Tu ne t’y étais jamais intéressé avant… Alors…
  • C’est vrai… Je ne les avais jamais regardés comme je les regarde aujourd’hui… C’est peut être le fait d’en avoir parler avec les filles au boulot ?
  • Tu ne les avais jamais vraiment regardés auparavant, n’est ce pas !
  • Ben… je dois l’avouer… Ce n’est pas ce que je regarde en premier chez une femme, et tu es bien placé pour le savoir, non ?
  • Mais aujourd’hui, tu trouves agréable de les regarder ?
  • Ben, oui ! Tu crois que ça veut dire quelque chose ?
  • Je n’en serais pas très étonnée…